Le sexisme au travail a changé de visage.
D’un sexisme hostile on est passé à un sexisme subtil… 🙃
On est passé de "les femmes, c’est à la maison" à "bien sûr les femmes travaillent, mais on les prend moins au sérieux ».
Dans les entreprises les plus « avancées », c’est un autre type qui fait fureur !
Celui qu’on qualifie de « bienveillant », différenciant les femmes des hommes sous prétexte de protection.
Celui-ci est très complexe : les avis divergent complètement à son sujet ! Camouflé derrière des compliments et des attentions, il sème le doute.
Parce que oui, hommes et femmes diffèrent à certains égards !
Et si l’égalité des droits est cruciale, arrive-t-il un temps où, dans l’application, la lutte pour une égalité pure et dure devient obsolète? Un temps où l’équité - ces ajustements nécessaires pour des différences réelles - serait plus souhaitable ?
Ça me semble juste. Mais dans ce cas, tout l’enjeu est de pouvoir identifier la limite particulièrement fine entre différenciation légitime et discrimination.
On explore ça ensemble dans la #10ème édition de La Golden Hour👇

1. Une lutte pour l’égalité
Parlons de la loi !
1907 : grande date pour l’égalité des sexes au travail !
C’est l’année pendant laquelle l’autorisation des femmes mariées à disposer librement de leur salaire a été promulguée (avant ça, le fruit de leur travail revenait à leur mari). Il aura fallu 13 années pour que cette proposition de loi portée par le député Léopold Goirand, et à l’initiative de Jeanne Schmahl, une sage-femme d’origine anglaise, aboutisse.
Bon en vérité, les femmes avait tout de même besoin de l’autorisation de leur mari… Mais l’ouverture de cette brèche dans le code civil napoléonien a signé le début de grands changements dans l’histoire de l’égalité des sexes au travail en France !
Depuis, d’autres lois sont passées : congé maternité, abolition du salaire féminin (volontairement 50% moins élevé à travail égal), plus besoin de l’accord du mari pour travailler ou ouvrir un compte en banque, lois contre la discrimination à l’embauche…
Dans l’idée, on cherche à supprimer toute forme de distinction discriminatoire et illégitime entre les hommes et les femmes.
Mais au-delà du plan juridique, c’est au sein de l’entreprise et au coeur des interactions que les enjeux sont encore plus forts.
La loi seule ne suffira pas à faire de la place aux femmes : ce sont les systèmes dans leur ensemble qui doivent changer !
Et c’est là que commence la lutte contre le sexisme au travail dans les comportements.
Et sur le terrain : comment ça se passe ?
Globalement, on a plutôt dépassé le sexisme hostile, frontal, qui assume l’idée que les femmes sont “moins” que les hommes.
Celui qu’on observe encore beaucoup en revanche c’est le sexisme subtil :
couper la parole aux femmes en réunion,
leur confier les tâches les moins responsabilisantes,
les placer à l’accueil,
des remarques sexistes détournées par l’humour
…
Vous avez l’idée !
Ce type de sexisme pousse les femmes à se calquer sur les hommes pour réussir et monter dans la hiérarchie.
Petite, j’ai grandi avec les discours des femmes de mon entourage qui devaient : ne pas montrer ou exprimer leurs émotions (#hystérie), prendre de la place de manière forcée, être ferme même si ça veut dire être étiquetée “méchante” ou “arrogante”, ne pas se plaindre d’avoir ses règles, ne jamais parler des contraintes perso,… Bref, si elles voulaient travailler, leur seule porte d’entrée restait ces Boys Club dont elles devaient tenter d’adopter les codes. Rien n’avait changé dans l’entreprise, on a juste laissé les femmes entrer, et à elles de suivre.
Spoiler Alert ! Forcer les femmes à se calquer sur les hommes : c’est tout sauf de l’intégration ou de l’égalité.
Car ce qui prime dans l’égalité, c’est l’égalité des droits et le principe de non-discrimination.
2. Égalité des droits ? Oui ! Égalité pure et dure ? Ça dépend…
Le sexisme bienveillant
Un sexisme camouflé derrière des compliments et des “attentions”, qui est moins grave mais tellement inconscient et ancré qu’il est beaucoup plus dur à combattre. C’est ainsi que ce troisième type de sexisme est défini.
D’ailleurs, la dessinatrice Emma a popularisé ce concept en 2019 avec sa BD Des princes pas si charmants et autres illusions à dissiper ensemble.
En voici quelques extraits ↓


En dehors de cette BD, d’autres “remarques” sont remontées comme étant sexistes :
→ recruter une femme pour apporter plus d’empathie ou de douceur dans une équipe,
→ ne pas laisser une femme porter tel carton ou tel meuble
Ces remarques sont controversées, même au sein des femmes !
D’aucun.e.s trouvent que ce n’est pas du sexisme de reconnaître que les femmes peuvent avoir des qualités que les hommes n’ont pas et qu’un mix dans les équipes apporte justement des qualités différentes ; ou de venir en aide, lorsque l’on sait les différences biologiques entre les hommes et les femmes, pour porter une charge lourde.
D’autres pensent qu’il s’agit de sexisme par comparaison : les femmes sont plus souvent complimentées pour leur sensibilité et moins accompagnée et évaluée sur les compétences clés qui pourront les faire évoluer dans l’entreprise ; et si une femme ne demande pas d’aide pour porter c’est peut-être parce qu’elle n’en a ni le besoin ni l’envie…
Les deux points de vue sont justes mais tout dépend du contexte global et de la manière dont c’est amené :
→ En plus de complimenter sur le contact avec les clients, est-ce qu’on revient clairement sur l’ensemble du socle des compétences et celles qui devraient être davantage travaillées pour évoluer? Est-ce qu’on en fait de même avec les hommes ?
→ Est-ce qu’on prend des mains ce carton dans une attitude machiste ou “galante”, ou est-ce qu’on propose une aide ouverte au refus ?
En somme, selon le contexte, les raisons, les intentions,… différencier n’est pas nécessairement discriminer !
Elle peut même parfois être souhaitable.
Pourquoi la différenciation est parfois souhaitable ?
“Le principe d’égalité repose sur l’interdiction de toute forme de distinction entre les individus. Sur le plan juridique, les discriminations sont condamnables lorsqu’elles relèvent de critères illégitimes prohibés par la loi. Mais dans un objectif de promotion d’une égalité réelle et donc de réduction des inégalités entre des catégories d’individus, des différenciations sont, de fait, introduites dans le droit.”
Cette introduction de l’article Égalité, différenciation et discrimination : ce que dit le droit, de Borgetto, M. (2008) place parfaitement le contexte.
Sous le nom de la lutte contre les inégalités de genre, on a aboli toute distinction. L’idée est juste, mais certaines distinctions (non-discriminantes) sont souhaitables !
Ce dont on s’est rendu compte avec la crise covid, c’est que la flexibilisation du travail a énormément profité aux femmes pour pouvoir mieux voire davantage travailler tout en jonglant avec leurs obligations personnelles (notamment familiales). Parce que oui dans l’idée les tâches et la charge mentale reliée aux ménages devraient être partagées, mais dans la pratique ce sont encore les femmes qui gèrent ça en majorité ! Face à cette inégalité, flexibiliser le travail par le télétravail ou la flexibilisation des horaires profite aux femmes qui ne sont plus obligées de travailler à temps partiel ou de louper des moments clés pour s’occuper de leur famille.
Sur un autre sujet, la question de la santé des femmes au travail, sujet que Laetitia Vitaud a abordé dans cet articlepassionnant, induit des distinctions légitimes ! Prendre en compte la difficulté des cycles menstruels de certaines femmes pour commencer. Même si la proposition de loi pour un congé menstruel a été rejetée par le Sénat il y a peu, certaines entreprises ont décidé de mettre en place ce concept sous forme de congés ou d’astreinte. Laury Maurice, CEO de Shodo parle de l’impact réel que cette mesure a eu dans son entreprise dans ce post LinkedIn.
Et pour citer un troisième exemple où la différenciation est souhaitable, on peut aborder toutes les mesures qui sont non idéales mais nécessaires pour avancer dans cette lutte : les quotas de femmes dans les strates dirigeantes, définir des temps de paroles en réunion, … Ces mesures sont controversées parce que c’est “encore plus appuyer sur les inégalités” mais si on parle franchement, le sexisme est incrustée et normalisée d’une manière tellement systémique que ce genre de mesures, sur le court et moyen terme, est nécessaire pour réussir sur le long-terme.
En somme !
La distinction femme-homme n’est pas à abolir dans l’absolu mais à rejeter dès lors qu’elle devient discriminante !
La limite entre discrimination et différenciation est très très fine, mais les enjeux sont énormes. Alors pour savoir lorsqu’on franchi la limite ou non, on peut se demander si cette différenciation : est nécessaire ? avantage les femmes ou les hommes ? creuse d’une manière ou d’une autre les inégalités (en prenant en compte le système actuel et non celui qu’on aimerait avoir) ?
Grand sujet que j’ai essayé de traiter avec le plus d’objectivité et de réalisme possible, mais que je trouve passionnant ! Je suis curieuse d’avoir votre avis 🙄
News !
La 4ème édition du Rendez-vous des Créateurs a eu lieu le 18 juin dernier, et je dois dire que des 4 éditions, c’est celle où j’ai perçu le plus d’alchimie entre les participant.e.s. Quelle joie de voir ça ! On fait une pause estivale avec Eliott, mais ça repart de plus belle dès la rentrée !
Depuis bientôt deux mois, je travaille avec Karim Hechmi, plus connu sous le nom de Tonton Karim, pour l’accompagner sur tous ses projets ! En ayant commencé à creuser le Future of Work en travaillant avec Samuel sur ses documentaires, cette collab est une belle façon de découvrir une approche plus terre à terre des transformations du travail et du recrutement.
Et le petit kiff de la fin de semaine qui arrive : mon week-end d’anniversaire surprise organisé par chèr.e.s ami.e.s. Mes 26 années ont sonné le 11 juin dernier mais avec un week-end décalé, c’est un véritable mois d’anniversaire que j’ai eu la chance d’avoir cette année !
À très vite !
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