Bienvenue dans cette nouvelle édition de La Golden Hour !
Ici on creuse, on éclaire et on combat les inégalités financières hommes-femmes, notamment au travail ! De temps à autre, on y parle aussi transformations du travail, engagement et quête de sens : un cocktail à siroter chaque mois sans modération.
It’s your time to shine ☀️
Bonne lecture !
En 1946, la France a franchi un pas majeur vers l'égalité salariale entre les sexes en supprimant la notion de "salaire féminin". Ce concept permettait jusque-là de justifier légalement les inégalités de rémunération selon le genre.
Bien que la suppression de cette distinction ait été un progrès significatif, le chemin vers une égalité réelle est encore long.
Dans cette newsletter, on revient sur l'histoire du salaire féminin, son implication, le contexte de sa suppression, et l'état actuel des inégalités salariales.
Le "salaire féminin" : Une discrimination légale avant 1946
Le concept de "salaire féminin" reposait sur une vision archaïque des rôles de genre.
Ce système était enraciné dans l'idée que le travail des femmes était "complémentaire" au revenu familial, et non vital. On considérait que les hommes étaient les soutiens de famille tandis que les femmes, même lorsqu'elles travaillaient, n'étaient que des "travailleuses secondaires".
Et puis beaucoup se questionneront : la femme peut-elle travailler pour de l’argent alors que sa place est auprès de la famille ? Sous-entendu : si on les rémunèrent autant que les hommes, qu’est-ce qui les motivera à rester à la maison ?
Cette perception justifiait légalement des salaires inférieurs pour les femmes, même lorsqu'elles exerçaient les mêmes métiers ou avaient les mêmes qualifications que leurs homologues masculins.
Concrètement, le simple fait d’être une femme conduisait à un abattement sur le salaire de cette dernière, et j’insiste, c’était légal !
Il faut dire que l’égalité hommes-femmes n’allait pas de soi…
Suppression légale qui a fait face à des résistances !
L’arrêté du 30 juillet 1946 qui supprima cet abattement laissait un délai de deux mois aux employeurs pour réviser les classifications professionnelles.
C’est parce que le CNPF (Confédération national du patronat français) demandait, suite à cette suppression, la création de nouveaux échelons concernant les ouvriers spécialisés. Le but était de pouvoir différencier les travaux des femmes, considérés comme “légers”, des travaux des hommes considérés comme “pénibles” dans les conventions collectives, et donc pouvoir garder une flexibilité sur la rémunération.
Les organisations syndicales n’ont pas soutenu cette démarche, les négociations n’aboutirent pas et le gouvernement décida le 31 octobre que l’arrêté du 30 juillet s’appliquait sans révision des classifications des emplois.
Cette décision n’avait, en réalité, pas d’autre objet que d’assurer aux femmes des salaires minima égaux à ceux des hommes de même catégorie professionnelle.
On l’a échappé belle !
Ou presque…
Au niveau des salaires moyens maxima, une certaine liberté a été laissée à l’employeur.
Et puis on a surtout vu le développement de primes diverses ajoutées au salaire de base, qui a permis de contourner la réglementation sur le blocage des salaires. Sur ce dernier point, soyons honnête, il est difficile d’affirmer s’il s’agit d’une réelle discrimination de genre, ou d’une différenciation purement reliée aux métiers.
Ce qu’il y a vraiment derrière le principe “à travail égal, salaire égal”
En 1946, avec la rédaction de la Constitution de la Quatrième République, la France a posé les bases de l'égalité salariale en déclarant l'abolition du "salaire féminin" (il faudra attendre 1957 pour son équivalent européen).
Ce qui est intéressant, c’est que les raisons derrières cette suppression ne sont pas vraiment (ou uniquement) féministes !
Le salaire bas des femmes était vu comme une menace pour l’emploi et le salaire des hommes (ah bah oui, de la main d’oeuvre moins chère !). L’égalité salariale a donc d’abord été un souci de concurrence économique avant même d’être un principe de justice face au pouvoir patronal ou un droit fondamental.
D’ailleurs, n’oublions pas que malgré cette loi, il a fallu attendre 1965 pour que les femmes aient le droit d’exercer une profession séparée de celle de leur mari sans leur autorisation, et ouvrir leur propre compte bancaire !
Que les intentions aient été économiques ou pour la justice sociale, aujourd’hui qu’importe : les entreprises sont dans l’obligation de rémunérer les employés “à travail égal, salaire égal”, et même “à travail de valeur égal, salaire égal” (1950).
La question que l’on peut se poser à présent est la suivante : qu’en est-il de de l’application de ce principe ?
Inégalités salariales aujourd'hui : une lutte qui continue
Malgré l'abolition officielle du "salaire féminin" en 1946, les inégalités de rémunération persistent.
Aujourd'hui encore, les femmes en France gagnent en moyenne 15,5 % de moins que les hommes. Ce chiffre englobe l'ensemble des travailleurs à temps plein, et il s'explique par plusieurs facteurs:
La ségrégation professionnelle : Les femmes sont encore surreprésentées dans certains métiers moins valorisés et moins bien payés, souvent dans le secteur du care (éducation, santé, aide à domicile), tandis que les hommes dominent les secteurs plus rémunérateurs.
Les discriminations directes ou indirectes : même à poste et compétences égales, les écarts de salaire subsistent dans certaines entreprises, et dans certains secteurs (un minimum de 4,3% d’écart).
Et au-delà de la comparaison à temps et poste égal, on n’oubliera pas de mentionner l’impact énorme du temps partiel !
Les femmes travaillent souvent à temps partiel, et souvent de façon contrainte, pour s'occuper des tâches familiales dont la répartition reste encore inégale aujourd’hui. Même si ici on parle davantage d’inégalités des normes sociales, cela impacte considérablement leur accessibilité au travail et donc leurs revenus (de 24,4% de moins que les hommes).
L'impact à long terme ?
Ces inégalités salariales ne concernent pas seulement le revenu immédiat des femmes. Elles affectent également leurs possibilités d’investissement et leurs droits à la retraite, les mettant davantage à risque de précarité économique dans la vieillesse.
Cette réflexion pose la question “Comment ne pas devenir une vieille pauvre ?” que le podcast Vieilles en puissance s’est emparé d’une main de maître depuis la rentrée 2023.
Laetitia Vitaud, Caroline Taconet et Katerina Zekopoulos font un travail incroyable pour creuser ce sujet passionnant et sensibiliser les femmes (et les hommes) de tous âges sur la sécurité financière et le bien-être des femmes tout au long de leur vie.
D’ailleurs, le podcast célèbre ses 1 an le 25 septembre prochain pour une table-ronde/apéro, à laquelle j’ai l’honneur de participer pour notamment représenter les “jeunes” en puissance.
Rejoignez-nous (gratuitement) pour en discuter de vive voix !
Sources :
https://shs.cairn.info/revue-travail-genre-et-societes-2006-1-page-69?lang=fr#s1n3
https://inegalites.fr/femmes-hommes-salaires-inegalites
News
Après une longue pause estivale sur les réseaux : me voilà de retour !
Si je n’ai pas été “connectée”, mon été n’en a pas moins été dense avec les recherches approfondies sur ce sujet qui me passionne tant ! Un projet sur les inégalités financières hommes-femmes que je garde encore secret est d’ailleurs en cours de préparation … 🤫
Et sinon, pour démarrer la rentrée du bon pied, j’ai invité 8 ami.e.s créateur.trice.s de contenu à un co-living dans le Vercors. Autant vous le dire : c’était gé-nial !
Mes prochaines dates à Paris :
23 septembre, 19h30 : avec Eliott, on relance enfin le Rendez-vous des Créateurs, l’événement qui rassemble et réunit les créateur.trice.s de contenu à Paris !
25 septembre : je participe à la table-ronde/apéro organisée par les hôtes du podcast Vieille en puissance pour discuter de l’impact des inégalités salariales et financières tout au long de la vie d’une femme !
Tu restes sur ta faim ?
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