Le 4B Mouvement : entre libération et isolement des femmes
Entre libération et isolement des femmes ?
C’est devenu l’un des termes les plus recherchés sur Google après la réélection de Donald Trump en novembre dernier.
Des centaines de vidéos postées à ce sujet sur les réseaux sociaux deviennent virales.
C’est un mouvement né en Corée du Sud, qui a récemment pris de l’ampleur aux Etats-Unis.
Il invite les femmes à envisager un rejet total des relations hétérosexuelles avec les hommes en réponse à un climat de régression des droits.
Et ce concept soulève de vraies questions sur l'émancipation des femmes et les stratégies de résistance face aux inégalités persistantes.
Aujourd’hui, je vous parle du... 4B movement.
1. Un mouvement d'émancipation des rôles traditionnels 🇰🇷
Le 4B movement a émergé en Corée du Sud vers 2015-2016, en réaction à une série de féminicides. Imaginez un peu : des femmes qui osent dire "non" non pas une fois, mais quatre fois d'affilée ! Quel affront à la société traditionnelle…
L'acronyme "4B" fait référence à quatre mots coréens commençant par "bi" (non) : bihon (non-mariage), bichulsan (non-procréation), biyeonae (non-relation) et bisekseu (non-sexe).
Ce mouvement serait une extension du mouvement Escape the Corset qui combat depuis longtemps les injonctions liées aux standards de beauté féminine imposés en Corée et vues comme des "corsets" sociaux étouffants.
Le principe de base du 4B ? Rejeter en bloc les relations traditionnelles avec les hommes qui contribuent à entretenir les schémas patriarcaux.
Concrètement, ça signifie :
Choisir le célibat (pas de date, pas de couple),
Refuser les relations sexuelles avec les hommes,
Dire non au mariage,
Faire une croix sur la maternité.
Le 4B encourage en fait les femmes à rejeter leurs rôles traditionnels de femme mère et épouse pour éviter les discriminations sexistes. C'est un peu comme si ces femmes disaient : "Vous savez quoi ? Ciao les boys ! Puisqu’on n’a pas de droits, on va monter notre propre société !".
Véritable révolution féministe ou “grève du sexe” selon certains, quoi qu'il en soit, le 4B fait parler de lui bien au-delà des frontières de la Corée du Sud.
2. Le 4B à l’américaine 🇺🇸
Qui aurait cru que la Corée du Sud exporterait autre chose que la K-pop et les dramas ?
Alors qu'en Corée, le 4B se focalise sur le mariage, aux États-Unis, c'est la contraception qui prend le devant de la scène.
Rappelons-nous, en janvier 2020, Donald Trump était le premier président américain à participer à une marche anti-avortement. Deux ans plus tard, la Cour suprême abroge le droit constitutionnel à l’IVG dans le pays. Il semble alors normal qu’avec la réélection de Trump, les Américaines s’inquiètent pour leurs droits.
Cette nouvelle a eu l'effet d'un catalyseur, transformant le paysage socio-politique en un véritable champ de bataille idéologique :
D'un côté, les masculinistes, plus décomplexés que jamais, brandissent fièrement leur testostérone comme étendard. Il n’y a qu’à voir comment le YouTubeur Nicholas Fuentes, avec son élégant "We control your bodies !", s'est propulsé au rang de “porte-parole” de cette mouvance. Soutenu par le mouvement des tradwives, ces femmes traditionalistes, ultraconservatrices et antiféministes qui prônent le retour de la femme au foyer (je crois que c’est qui m’exaspère le plus).
De l'autre, les adeptes du 4B, qui ont envahis les réseaux sociaux d’appel à rejoindre le mouvement comme une forme de militantisme et de résistance face à un système politique jugé défaillant dans la protection des droits des femmes.
Face à cette situation, boycotter les hommes serait un moyen de montrer la gravité du sexisme dans le pays, mais aussi de ne pas se laisser faire face à une société qui a l’air de ne rien vouloir entendre.
En fin de compte, le 4B aux États-Unis semble être un cri de ralliement, et s’il offre une forme de résistance face à un système perçu comme oppressif, on peut se demander s’il ne risque pas de créer un fossé encore plus grand entre les sexes.
3. Un monde sans relations homme-femme : est-ce la solution ?
Avant de crier au scandale face à ce mouvement jugé radical, rappelons-nous que l'Histoire a montré que c'est parfois (souvent ?) par ce genre de militantisme musclé que certains droits ont enfin fini par être accordés. Après tout, il faut de tout dans une lutte : des rentre-dedans, des plus subtils, des observateurs silencieux, des pragmatiques, des émotifs…
Et c’est d’ailleurs pour ça que beaucoup de femmes, sans se revendiquer 4B, adopte le mouvement comme une doctrine plus que comme un choix de vie absolu. Ce principe sert alors de base de réflexion sur les inégalités de genre et inspire des actions militantes, sans nécessairement être appliqué à la lettre. Certaines femmes n’appliquent qu’un ou deux des principes selon leur contexte (on ne peut pas arrêter d’être mère, ou peut-être nous ne le souhaitons pas), d’autres n’appliquent rien du tout mais soutiennent celles qui le font. C'est un peu comme le végétarisme : certains sont vegans, d’autres végétariens, végétaliens, flexitariens, ou mangent de la viande d’animaux élevés dans de bonnes conditions.
Cependant, si je devais émettre une réserve, ça serait la suivante : le 4B movement attire l'attention sur des problèmes réels, mais ne propose pas de solution à long terme pour mettre fin aux discriminations sexistes.
En rejetant totalement les interactions avec les hommes, on exclut par extension les hommes qui sont des alliés à la cause. Mais surtout on risque un repli communautaire non viable à long-terme ou sur l’échelle d’une vie. Et puis si je dois être honnête, un monde sans hommes ou divisé en deux camps ne (me) fait absolument pas rêver…
Le 4B est certes un cri de ralliement puissant, mais il ne devrait pas être considéré comme une solution miracle. Comme pour tout mouvement, il convient d'en prendre le meilleur - la remise en question des normes patriarcales - tout en gardant un œil critique sur ses limites.
News !
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