Nouvelle année, nouveau format !
Après avoir passé de nombreux mois à essayer de comprendre les rouages des inégalités de genre au travail, il était temps pour moi de sortir des bouquins et d’aller questionner le terrain.
Pour ça, j’ai lancé une série d’interviews d’entreprises préoccupées et/ou engagées sur le sujet, et découvrir : quels types de mesures elles ont mis en place, comment les déployer, ce que ça représente en termes de financement, etc.
Pour celles et ceux qui préfèrent lire plutôt que d’écouter un podcast, je vous ai retranscrit les éléments clés de l’interview ci-dessous ⬇️
C’est parti pour notre première interview !
Aujourd'hui, je vous emmène à la rencontre de Laury Maurice, une des trois CEO de Shodo, et militante de l’inclusion.
Première femme à être recrutée chez Shodo en 2020 comme responsable communication et marketing, au retour de son premier congé maternité, elle a été promue pour faire partie des trois CEO aux côtés de Jonathan et Guillaume (moment où les femmes sont habituellement mises de côté puisqu’elles sont dorénavant avant tout “maman”). Elle est aussi à l'initiative de la Shororité, un groupe interne en non-mixité créé pour identifier et mettre en place des actions concrètes en faveur de l'égalité de genres.
Bref, Shodo semble clairement briser les codes pour la mixité et l’égalité en entreprise, et ce que l’on creuse dans cette édition !
⚖️ Une Démarche Fondée sur la Justice Sociale
Shodo est une ESN (entreprise de services du numérique) pas comme les autres, puisqu’elle milite pour les fondements de la justice sociale et s’engage concrètement pour ceux-ci.
Redistribution des richesses : contrairement à la plupart des ESN, Shodo prend une marge fixe et transparente, et tout ce qui dépasserait cette marge fixe est reversé aux consultants et consultantes.
Grille salariale transparente : "Nous avons un système indexé sur l'expérience, pas de négociation biaisée à l'embauche ou après un congé maternité. L'augmentation se fait automatiquement."
Rééquilibrage des recrutements : en adaptant la communication et en travaillant sur l'attractivité du modèle.
À un moment donné, Laury s’est interrogée : "Comment défendre la justice sociale sans s’attaquer à l’égalité des genres ?". En 2022, seules 13% des effectifs étaient féminins, un chiffre bien en dessous des 17% de femmes dans la tech en général. Il fallait agir pour rendre Shodo plus attractif pour toutes et tous.
🔄 La non-mixité : un levier pour faire bouger les lignes
Chez Shodo, le constat était clair : malgré un modèle innovant et transparent, les candidatures de femmes restaient rares. La tech souffre d'un grave déséquilibre : seuls 17 % des développeurs sont des développeuses.
Face à cela, à l’initiative de Laury, ils ont lancé la Shororité, un espace de discussion en non-mixité pour que les salariées puissent identifier ce qui doit être changé.
“Les entreprises ne savent pas toujours pourquoi elles n'attirent pas de femmes. Il faut créer des espaces où on puisse en parler librement pour comprendre et agir."
Ces réunions ont été essentielles pour pointer du doigt les difficultés rencontrées : en se réunissant entre concernées, sans avoir à justifier ni contextualiser leurs vécus puisqu’il est le même, elles ont pu identifier des problématiques et des solutions concrètes.
✅ Congé menstruel : la première mesure adoptée
Une des premières mesures mises en place pour l’équité hommes-femmes a été un congé menstruel, financé par une cagnotte d’entreprise.
→ Chaque consultante bénéficie de 10 jours de congé menstruel par an sans justification médicale ni impact sur son salaire
→ Le prix est déterminé selon le salaire journalier de la concernée : si je gagne 600€ par jour en moyenne, alors mon congé menstruel s’élèvera à 600€ par jour
Cette cagnotte permet de répartir les jours en fonction des besoins réels, évitant les abus tout en garantissant une prise en charge adaptée. En 2023, alors que Shodo avait alloué 127 000 euros pour cette mesure, seuls quelques jours ont été pris, prouvant que les abus ne sont pas si fréquents lorsque la confiance et la flexibilité sont les moteurs de l’organisation.
💸 Inclusion : Un Coût ou un Investissement ?
L’enjeu du financement sur les mesures inclusives n’est pas à négliger !
Laury le souligne :
"On entend souvent que ces actions coûtent trop cher, mais en réalité, c'est un investissement sur le bien-être et la performance des salariés."
Une entreprise inclusive fidélise mieux ses talents et réduit ce qui coûte encore plus cher aux entreprises, son turnover.
Chez Shodo, le turnover est de seulement 5%, contre 30% dans les ESN classiques. Ce faible turnover prouve que créer un environnement de travail où chacun et chacune se sent écouté·e et soutenu·e est un levier puissant de performance.
🌟 Un modèle inspirant
Suite à ces mesures :
En 1 an, Shodo a vu son effectif féminin doubler
En 2 ans, il a triplé
Les candidatures spontanées de femmes comme d’hommes ont significativement augmentées, à tel point qu’aucune chasse n’est nécessaire pour recruter
L'exemple de Shodo montre qu'il est possible d'aller au-delà des discours pour construire un environnement plus inclusif. Et qu’un modèle d’entreprise peut être à la fois éthique, performant et innovant.
Une belle source d’inspiration pour repenser nos environnements de travail en matière d’égalité de genres et attirer plus de femmes, même dans la tech !
"Les entreprises doivent se poser les bonnes questions et accepter de se remettre en question. Ce n'est pas qu'une question de volonté, c'est une question d'action.”
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